La seime chez le cheval : Comprendre, gérer et soigner cette pathologie du pied
Physiopathologie des seimes
La seime est une fente qui se situe sur la paroi et qui peut présenter plusieurs formes, montante ou descendante. Elle est également variable dans sa mobilité et sa gravité. De plus, les méthodes pour y remédier peuvent varier.
La plus courante et la plus fréquente est la seime de pré. Elle commence souvent dans la partie distale des pieds et s’accentue lorsque ceux-ci sont trop longs (avalure trop importante), ainsi que lorsqu’ils sont évasés ou effondrés. Elles apparaissent le plus souvent sur des pieds nus et peuvent toucher toutes les parties du pied : pince, mamelle, quartier, talon. Cette seime de pré se définit communément comme une seime montante.
Certaines seimes apparaissent lorsque les pieds sont trop faibles par leur structure (ligne blanche et/ou paroi dégradée), ou en cas de pieds effrités ou dont l’usure est irrégulière ou excessive. Dans certains cas, de petits cailloux se coincent dans la ligne blanche et l’abîment, de même qu’ils abîment les tubules cornés de la paroi. Ces pieds détériorés peuvent aussi être sujets au développement de fourmilièreres.
On peut aussi rencontrer des seimes descendantes qui débutent à la couronne. Celles-ci font le chemin inverse de la seime montante. Parfois, ce type de seime apparaît à cause d’une déformation anatomique, comme par exemple au niveau de la gouttière cuticulaire (en couronne), lieu de production de la corne. Cette zone a pu être lésée auparavant, typiquement lorsqu’une plaie a atteint à la fois la couronne et le sabot.
C’est souvent à la suite d’une mauvaise cicatrisation que cette zone est affaiblie et que la pousse de la corne est dégradée.
Il existe également des seimes provoquées par une mauvaise mobilité (élasticité) des pieds, créant des contraintes sur les tubules cornés. Selon les cas, ces contraintes sont liées à des défauts d’aplomb, tels qu’un malalignement des axes phalangiens, aussi bien dans le plan frontal (déséquilibre latéro-médial de P3) que dans le plan sagittal (pieds plats ou, au contraire, pied bot supposant un angle palmaire modifié), ou encore à un effondrement sévère de P3.
Avant ferrage déformation du plan du fer / Après fer à planche qui stabilise le pied en sol souple. [Voir ACR 400]
Attention ! Ce qu’on appelle communément une seime horizontale n’est pas véritablement une seime, mais plutôt un décollement de la paroi, dû à un abcès ou à un impact sur la couronne. Ce décollement descend avec la pousse de la corne et disparaît lorsqu’il arrive en bas du pied. À ce moment, le maréchal pourra le parer.
Gestion et traitement de la seime
Éléments permettant de gérer la seime :
- Parages réguliers
- Ferrages adaptés. Dans certains cas, le recours à l’imagerie est nécessaire pour évaluer la profondeur de la seime.
- Agrafes ou plaques à visser
- Soutien de la fourchette : silicone de soutien, Equi Cast, plaque de type Mc Lane, fer en cœur, fer à planche, fer ¾ ou fer à étoile
- Pointes de feux
Afin de traiter une seime, plusieurs paramètres doivent être évalués : sa longueur, sa profondeur, sa mobilité lorsque le pied charge et décharge. Il est important de vérifier si celle-ci se ferme à l’appui ou s’ouvre, et parfois elle peut se chevaucher ou se cisailler.
La première étape consiste à effectuer des parages réguliers afin de diminuer les efforts de levier. Ces leviers (contraintes sur la paroi) sont souvent la cause d’une seime qui ne cicatrise pas ! Avant de ferrer, il sera parfois nécessaire de bien nettoyer la seime de bas en haut (facultatif sur une seime descendante).
Il est souvent préférable de réduire la mobilité de la seime, avec un ferrage qui va permettre de stabiliser et uniformiser la charge subie par le pied. Selon la situation, c’est souvent un fer à planche ou un fer en cœur qui est utilisé. Ce type de ferrage s’accompagne souvent de suppressions d’appui en regard de la seime afin de réduire au maximum la charge sur celle-ci.
Il est recommandé d’utiliser plusieurs pinçons que l’on positionne selon l’emplacement de la seime pour limiter l’élasticité naturelle de la boîte cornée, qui amplifie l’ouverture et la fermeture de celle-ci. Dans certains cas extrêmes, où il est difficile de poser un fer à cause d’un pied défectueux ou du risque de déferrage, l’utilisation de bandes de résine (Equi Cast) constitue une bonne alternative.
L’utilisation de résine polyuréthane méthacrylate (Glu-U shoe Fix ou Shoe Feet) peut servir à combler et stabiliser la seime. C’est une option intéressante selon les cas et les préférences du maréchal-ferrant. Parfois, il peut être indispensable d’avoir recours à un mode de fixation des deux bords de la seime, par exemple avec des agrafes, des plaques de fixation (Michael Pool) ou d’autres systèmes de renfort (lame en serpentin en acier appliquée à chaud dans la paroi). Le recours à ces différentes techniques demande une bonne connaissance de la maréchalerie et de l’anatomie du pied.
Pour accompagner ces dispositifs, il est toujours préférable de soutenir la sole et la fourchette via un fer à planche ou un fer en cœur avec plaque et silicone de soutien, afin de limiter l’élasticité de la boîte cornée.
En fin de ferrage, il peut être utile de cautériser le départ de la seime avec une pointe de feux, ce qui crée une séparation nette entre la partie saine de la corne et la seime.
Il est également important de garder le pied bien hydraté avec l’application quotidienne de graisse naturelle. Celle-ci pénètre dans l’épaisseur de la paroi afin de nourrir la corne.
Enfin, il faut rester régulier dans les rendez-vous avec le maréchal-ferrant et éviter les ferrages trop espacés dans le temps. Passé 5 à 6 semaines, la pousse favorise l’ouverture de la seime, ce qui est précisément ce qu’on cherche à éviter.
Suivant les cas, la température ambiante, l’hygrométrie, l’espace de vie du cheval ou encore l’hygiène des boxes ont un impact non négligeable sur l’apparition de cette pathologie.
Vous l’aurez compris : les causes d’apparition des seimes sont multifactorielles. La race du cheval, son utilisation, les soins apportés et les options thérapeutiques sont très variés. Il est donc indispensable de faire appel à votre maréchal-ferrant et à votre vétérinaire pour permettre à votre cheval de guérir d’une seime, s’il venait à en présenter une.
Points-clés à retenir :
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Il est important de distinguer une seime montante d’une seime descendante.
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Les causes d’apparition des seimes sont : des pieds trop longs, une structure faible, une usure irrégulière, des déformations anatomiques, des contraintes mécaniques.
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L’évaluation complète de la seime (longueur, profondeur, mobilité, ouverture à l’appui, chevauchement) est indispensable afin de déterminer la stratégie thérapeutique.
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La plupart du temps, le recours à une techniques de stabilisation de la seime est nécessaire : agrafes, plaques, résine, serpentins, …
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La prévention s’effectue par des mesures simples : des rendez-vous réguliers avec le maréchal-ferrant, une bonne hydratation du pied, de bonnes conditions de vie et d’hygiène.
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Traiter les seimes nécessite parfois une collaboration entre maréchal-ferrant et vétérinaire.
Par Antoine CORONA, Maréchal-ferrant
